Une Vie ou deux ...

   J'aurais aimé un jour pouvoir pleurer sur son épaule, lui dire maman je te rends ce coeur que tu m'as donné. Fait attention il a été brisé. Je l'aurais essoré de toutes ses larmes avec elle et elle m'aurait serrée très fort pour m'assurer sa sécurité eternelle. On doit  se sentir si bien dans cette bulle protectrice de l'Amour sâcré, à l'abri de tous les hommes qui nous piétinent, nous humilient et nous brisent un peu plus chaque jour.
  
    J'ai rencontré mon "bourreau du coeur", il y a trois ans. A l'époque et j'y ai longtemps cru, je trouvais que notre rencontre hasardeuse était un coup du destin. Et le hasard avait bien fait les choses, enfin c'est ce que je croyais. Je venais à peine de me remettre d'une rupture éprouvante, quoi que non, c'était toute cette relation malsaine qui était éprouvante. Je m'étais lancée corps et âme dans un cercle vicieux avec l'alcool et cette infâme personne qui me servit de copain pendant deux ans. De cette rupture qui eut lieu à Toulouse, je décidais de reprendre ma vie en main. Nous partîmes toutes les deux à Nice mais cette ville non-accueillante pour des "zonnards" nous fit rebrousser chemin vers un sud moins tape-à-l'oeil. Notre choix se porta sur Arles, ville que nous ne connaissions pas, toujours pas d'ailleurs. Nous eûmes un bref aperçu de celle-ci qui nous déplut fortement, étant donné que le train terminait son trajet dans la ville d'Avignon inconnue aussi, nous continuâmes notre chemin avec lui.
    
    Je vais passer les détails non-intéressants de l'installation des tentes sur l'île piot et la visite de la ville le soir même. Avignon est une ville très jolie (le centre-ville surtout, délimité par des remparts). Le lendemain de notre arrivée, alors que nous faisions la manche devant un petit magasin d'une rue piétonne, un homme s'approcha avec un petit chiot et nous invita à une soirée. C'était lui, il venait de sortir de prison la veille, et se promenait dans la ville avec ses amis et son nouveau chien. Acceptant l'invitation, nous terminions la soirée avec eux. Ce fut d'ailleurs une bonne chose car ils avaient un squat à proximité. Décidant de les suivre à celui-ci, je récupérai mon chat resté dans la tente et m'installai au squat. La soirée fut spéciale, car ce jeune homme n'arrêtait pas de me draguer et je ne savais que faire. Nous dormîmes tous dans la même pièce sur des matelas avec les chiens. De regards complices naquît le désir, c'est pourquoi le lendemain nous nous mettions ensemble après des heures de discussions. Malheureusement, le soir même mon chat et mes affaires disparaissaient dans un vol. J'aurais dû prendre ceci comme un signe évident du grand malheur de rester avec lui, même si il n'y aurait pas eu Paris (et ses ennuis avec la drogue, la justice, etc), puis Lyon.
    Serions-nous encore sdf ma copine et moi ? Nous serait-il arrivé des choses meilleures sans lui, ou pires ? Je n'aurais jamais de réponses à ces questions mais une chose est sûre, il m'arrive dès fois de regretter de l'avoir connu, de m'avoir rendue folle, de m'avoir fait croire à l'Amour puis au désespoir.

Avant toute chose, sache que je suis désolée et que je t'aime quand même mais ça ne fait pas tout. J'ai beaucoup réfléchi ce week-end et je pense que ça serait mieux pour nous deux de s'arrêter là. Nous ne voulons pas les mêmes choses et je suis désolée de m'être réveillée si tard.

On aura vécu de très bons moments tous les deux mais je ne pense pas que nous ayons un réel avenir ensemble. Peut-être que je me trompe mais comme je te l'ai dit j'ai envisagé toutes les possibilités et aucune ne me satisfait totalement.

Je souhaite de tout coeur que tu trouves la personne qui te correspondra car tu es quelqu'un de bien, qui ne mérite pas de souffrir ce qui aurait été le cas avec moi tôt ou tard.

Je suis vraiment désolée de t'annoncer ça ici, il est clair que j'aurais préféré en discuter avec toi mais je n'ai pas eu le courage et j'ai repoussé trop longtemps déjà l'évidence. Ne m'en veux pas trop car je pense que c'est la meilleure solution pour nous deux. Tu vas beaucoup me manquer. Prends soin de toi.

Tout d'abord, je tiens à m'excuser de la façon horrible que j'utilise pour te dire ceci. J'aurai préféré en discuter face à face, mais je me voyais mal te l'annoncer et ne pas pouvoir repartir ensuite. J'ai beaucoup réfléchi ce week-end. Et sache que je suis sincèrement désolée mais ça ne peut plus durer.

Je ne pourrais pas continuer plus longtemps à me mentir, car ça ne marche plus. On aura essayé et je suis contente de t'avoir rencontré car tu es quelqu'un de bien. Contrairement à moi. Je suis désolée de te faire souffrir mais il vaut mieux que l'on arrête de se voir.

Je souhaite que tu rencontres une fille qui soit faite pour toi et que tu pourras aimer. On aura passé de très bons moments ensemble mais ça n'aurait pas pu fonctionner. Nous sommes trop différents tous les deux et nous ne recherchons pas la même chose.

Certes, les choses auraient pu continuer comme ça pendant quelques mois encore mais pas sur un long terme. Il vaut mieux stopper les choses maintenant au lieu de souffrir bien plus après.

Tu vas beaucoup me manquer. Fais attention à toi.

      Je vais vous racontez une petite histoire. Vous savez maintenant qu'il y a trois ans, j'étais "à la rue". Jusqu'ici, rien de nouveau. Mais tout à l'heure, en ramenant les restes de plat du jour chez moi dans une gamelle, je me suis remémorée cette anecdote.
       L'histoire se situe au bord de la Garonne, à Toulouse. Je crois bien d'ailleurs que l'on se trouvait au mois de janvier. Il faisait un peu froid et la nuit commencait à tomber. Nous avions allumé un feu de camp à proximité des tentes et assis sur nos buches qui nous servaient de bancs, nous passions nos soirées à boire autour du feu pendant que les chiens s'amusaient entre eux. Les hommes buvaient et fumaient jusqu'à se taper dessus (ou nous taper dessus d'ailleurs) et nous, dépitées par tant d'idiotie nous fermions les yeux en regrettant cette liberté que nous n'arrivions pas à trouver. C'était le shéma classique d'une soirée.

Mais un soir, une voiture s'arrêta pas très loin. Une femme un peu spéciale en sortit avec une grosse marmite et une bouteille de vin. S'approchant de nous, elle nous demanda si elle pouvait partager son repas avec nous ! Evidemment un bon plat "fait maison" et chaud n'était pas de refus ! Cette femme bien que paressant déjà éméchée se disait psychologue, et nous voyant souvent en passant en voiture, avait eu l'envie de s'arrêter un jour. Ce fut une sympathique petite soirée, surtout pour elle on aurait dit. Je ne saurais pourquoi l'expliquer peut-être que la solitude lui pesait. Puis à minuit, elle a repris ses gamelles et est repartit. Nous ne l'avons plus jamais revue. C'est très étrange, gentil et courageux de vouloir partager sa bouffe avec des sdf alors qu'il aurait pu lui arriver n'importe quoi mais heureusement que ce genre de personnes existe encore!

Voilà pour l'anecdote.